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Rencontre de La Salette, 2017

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SUR LA SAINTE MONTAGNE.

         Du 28 au 30 juillet 2017, nous nous sommes retrouvés – amis de Jacques, Raïssa et Véra – à La Salette, pour une troisième rencontre d’été, autour des Maritain et de leur parrain. En effet, le centenaire de la mort de Léon Bloy, nous permettait de rendre aussi hommage au grand écrivain, chantre et prophète de La Vierge venue pleurer sur les fautes et les péchés des hommes.

         Comme chaque année, l’atmosphère fut à la fois chaleureuse et profondément spirituelle. Le lieu s’y prêtait par sa grandeur, sa beauté, son accès difficile. Paysages époustouflants qui n’écrasent pas mais qui élèvent spontanément l’âme. Sentiment d’être à notre tour des « pèlerins de l’absolu ». Nous formions un petit troupeau d’une cinquantaine de personnes venues de Suisse, d’Autriche, du Chili, de France et de notre chère Roumanie – qui chaque année est associée grâce à nos amis Georges Cassagne et Claire Bressolette à notre rencontre – dans une hôtellerie véritablement internationale, où se côtoient tous les peuples du monde chrétien. Les repas étaient l’occasion de présentation et de discussion sans fin, et de nouvelles rencontres, toujours enrichissantes. Temps aussi de débats, de confrontations – l’unanimité des idées est rarement une bonne chose – de confidences. C’est ce climat à la fois exigeant, bienveillant, profond qui fut le plus marquant.

         Les interventions s’étalaient sur une après-midi (le 28), une journée entière et une dernière matinée. Il y aurait beaucoup à en dire – tant elles furent riches – mais nous ne pourrons en faire qu’une brève évocation. Les quatre premières causeries portaient pour titre général « Apôtres des derniers temps » : donc en hommage à Léon Bloy. Michel Fourcade, qui achève l’édition de la Correspondance entre Maritain et Massignon, nous a entretenus de la place de La Salette dans leur spiritualité. Romain Debluë, s’interrogea et présenta le chemin de Jacques, « de Bloy à saint Thomas », qui surprenait tant Pierre Vidal-Naquet dans son étude sur « Jacques Maritain et les Juifs » (« Il est difficile, rationnellement à peu près impossible, d’être à la fois disciple d’Aristote et de Thomas d’Aquin et celui de Léon Bloy. Et c’est pourtant possible puisque cela est »[1]). Antoine Mourges reprit ensuite le grand ouvrage de Bloy La femme pauvre, pour en montrer toute l’actualité. Et enfin le père dominicain Augustin Laffay intervint avec délicatesse et humour sur la « sainteté » de Bloy, montrant bien qu’au-delà des excès, des fureurs, il y avait chez Bloy une foi de pauvre, de prophète, de chrétien des derniers temps.

         La journée du 29 était répartie en deux grands thèmes : « Métaphysique » et « Vertus ». Felix Resch ouvrit les débats par une communication sur « Maritain antimoderne ? » – thème d’une thèse qu’il entreprend –, puis Michel Ferrandi fit une très fine intervention sur « Passer à l’acte : la personne humaine et l’action ». Sur le sujet très large des Vertus – devant faire l’objet d’un futur colloque – Hubert Borde revint sur le lien nécessaire entre Démocratie et Vertus à travers l’expérience américaine de Jacques et d’Yves Simon, puis Sylvain Guéna développa le thème de la pauvreté évangélique dans la vie et l’œuvre de Maritain. Claire Bressolette nous présenta ensuite la vie de Mircea Vulcanescu « Le Toreador, grand lecteur de Bloy », précédant le père Cornel Darle qui nous livra une méditation sur « Le Mystère de la Croix dans l’espace culturel roumain » puis d’Anne Philibert qui nous fit une communication sur l’itinéraire intellectuel et spirituel solitaire d’Ernst Junger. La soirée s’acheva par une méditation des textes de Jacques sur l’Eschatologie par le père dominicain Édouard Divry, puis par de belles photographies de vitraux d’Henri Guérin accompagnées d’extraits de ses textes lus par sa fille Sophie Gasc Guérin.

         La dernière matinée nous mena sur le thème de « La philosophie de la Nature ». Bernard Hubert, tout d’abord, qui présenta la poursuite de ses recherches sur la notion aristotélico-thomiste de science « une étape dans la recherche épistémologique de Jacques ». Puis Alejandro Serani sut bien nous montrer l’amplitude des questions soulevées par Maritain, « les voies ouvertes » en philosophie de la nature. Michel Fourcade présentant pour conclure, l’ouvrage collectif, dirigé par Gilles Danroc et intitulé Laudato si’ : Une écologie intégrale pour un humanisme intégral.

         Donc, le lecteur l’aura perçu à la lecture de ce vaste programme, une exigence intellectuelle – certes – mais toujours en climat de profonde spiritualité et en désir de fraternité. Espérons poursuivre dans d’autres lieux, ce cheminement avec nos Amis du Ciel.                             

Sylvain Guéna

 

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[1] Voir préface à J. Maritain : L’impossible antisémitisme, D.D.B., 1994, p. 25.

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